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la Documentation
La facture instrumentale normande
L’environnement historique et économique
Il existe une longue tradition de fabrication d’instruments de musique en Europe.
Aujourd’hui, au hasard des rachats, cessations d’activités, diversifications et
mondialisation, cette tradition s’effiloche et quelques musées en retracent l’histoire.
On dénombre quatre grands musées européens, en Belgique, en Allemagne, en France et
en Angleterre, qui illustrent ce glorieux passé, sans compter les nombreuses collections
privées (Collection Bate de l'Université d'Oxford,
Musée de l'Université d’Edimbourg…).
Une tradition de facture normande
La Normandie peut s’enorgueillir d’une lignée prestigieuse de facteurs d’instruments.
Les seuls noms de Hotteterre*, Thibouville, Hérouard, Noblet, Leblanc, Buffet Crampon,
Selmer, Chanu, Lot sont autant de noms qui ont compté dans le patrimoine national et
international des instruments à vent.
Ces grands noms appartiennent au patrimoine haut-normand.
Le village de La Couture-Boussey (Eure) vient nous rappeler cet héritage. Il est le
coeur historique de la fabrication française de cette famille d’instruments à vent
avec Paris. Son
Musée Municipal retrace cet illustre passé.
La Haute-Normandie dispose du second patrimoine le plus riche de France en ce qui
concerne les orgues avec plus de 250 instruments identifiés. Aux XVIIème et XVIIIème siècles,
la dynastie des
Lefebvre de Rouen est une référence nationale en matière de facture d’orgues
(Caen, St Martin de Tours, Le Havre, Bernay, Honfleur, Evreux..).
Depuis 2002, le travail d’investigation de l’Espace Musical a permis d’établir une généalogie
de la facture musicale normande de 1573 à nos jours. Cette fabrication s’organise autour des
premiers facteurs d’orgues avant de se diversifier : facteurs de luths, vielles à roue,
violons, épinettes, bassons.
Vers 1730, à Rouen, ils sont quelques 74 luthiers, facteurs, musiciens et danseurs qui
sont identifiés au travers des rôles de capitation* de la
« Communauté des maîtres joueurs et faiseurs d'instruments et maîtres à danser de la ville faubourg et banlieue de Rouen ».
Ils sont encore une centaine dans ces métiers à Rouen au XIXème siècle.
Les archives départementales, celles de La Couture-Boussey, la Bibliothèque Nationale,
les ouvrages de Vannes, Langwill, Poidras, Blandin, Jacquot
et les sources privées ont permis de rassembler une partie de cette richesse normande : Quentin Huguier*, Antoine Josselin,
les Lefebvre,
Dubuisson*, Duval*, Brière, Collé,
Fortier*,
Le Teinturier, Charotte*,
Jeandel,
Brubach, Buch,
Rezeau, Bonnel*,
Quentin de Gromard, Aubry*,
Bauer, Geoffroy,
Ferron,
sont autant de figures marquantes de la fabrication d’instruments normands et restent
malheureusement méconnus.
Une tradition haut-normande qui perdure
Si on trouve, à Rouen, des traces de facture instrumentale dès Henri III,
cette tradition musicale perdure aujourd’hui. Ainsi, l’Espace Musical par un
patient travail sur le terrain, a établi une cartographie de la lutherie haut-normande.
Celle-ci comptabilise plus d’une quarantaine d’acteurs.
Depuis début 2000, sept ateliers de fabrications ou de réparations ont vu le jour
en Haute-Normandie.
La Haute-Normandie compte aussi une faculté de Musicologie, la seule de Normandie,
6 conservatoires nationaux, plus d’une centaine d’écoles de musique.
Rouen compte 17 magasins de musique quand Lille en comptabilise 11.
C’est l’illustration d’une histoire riche mais aussi d’une dynamique contemporaine.
La Normandie dispose de lieux de diffusion, salles de spectacles, mais aussi de formations
musicales et d’orchestre dont le prestigieux Orchestre de l’Opéra de Normandie à Rouen.
Au-delà de la filière en tant que telle, il existe donc un univers socio-économique musical
contemporain haut-normand à part entière. L’ensemble des maillons réunis aux structures de
distributions, de diffusion et d’enseignement formerait une économie musicale régionale
dépassant le millier d’acteurs.
2008 est une année sombre pour la facture normande. Dans la quasi indifférence, Leblanc,
fabriquant de clarinettes en Normandie depuis 1750 et sous actionnariat américain a vu ses
portes se fermer. La fermeture du site s’est accompagnée de la disparition de la marque
française dont les américains sont restés propriétaires.
Heureusement, dans le même temps ALD, MARIGAUX poursuivent la culture de l’innovation
de leurs prédécesseurs en déposant des modèles et des brevets.